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Interview Philippe Courtois (Misanthrope) - FDAB 2019

  • Photo du rédacteur: Succubus
    Succubus
  • 23 sept. 2019
  • 9 min de lecture

P : Bonjour je suis Pierre de French Metal , et j’accueille Philippe chanteur de Misanthrope. Trente années de death metal romantique, violent, enragé se sont écoulées. Qu’est ce que cela représente pour toi ?

Philippe: Beaucoup de choses. C’est surtout une grande partie, même l’essentiel de ma vie. Très jeune, j’ai voulu faire du metal extrême pour extérioriser mes passions et pulsions. Tu sais , un adolescent qui a 15 ans en 1985 il avait rien à faire. Il y avait pas internet, t’as pas de thunes, tu peux rien faire. Donc il fallait trouver un exutoire à tout ce qu’on renfermait. Dans les années 80 y avait presque pas de chaînes télévisées.

P : Des magazines metal peut être ?

Philippe: Ah mais y avait des magazines metal, mais ça t’apporte quoi dans la vie ? Oui on connaissait la musique, voilà. Moi je parle plus de ce que je voulais faire. Mais justement, je me suis ouvert à la musique grâce à ces magazines. Dans ces années là, ces magazines metal n’étaient pas du tout adeptes de metal extrême. Je me suis dirigé vers ce qu’il y avait de plus sulfureux, la vie qu’on avait était extrêmement ennuyeuse et avait peu de frissons. A l’époque, j’écoutais Bathory, Slayer et Kreator vers 1990. De ce fait là, j’ai vu l’émergence de la scène metal extrême mondiale, mais j’ai rapidement monté un groupe.

P : Qu’est ce qu’il y avait comme groupes autres que Misanthrope à l’époque ?

Philippe: Il y avait Mercyless, et on était la 2eme génération. Avant nous il y avait Massacra, Loudblast et Agressor. Et juste après, il y’a Mortuary, Mercyless et Misanthrope. No Return et Supuration sont venus après. C’était plus du heavy thrash à l’époque, puis ils se sont tournés vers le death dans les années 90. En bref, ce sont là ces groupes précurseurs. Mais il y avait quand même avant ce que je cite, des groupes de metal à la fois puissant et underground.

P : Comment le groupe s’est formé au début ? C’était un groupe de potes à la base, non ?

Philippe : Bien sûr, au départ on ne savait pas jouer et on n’avait même pas d’instruments. On voulait faire de la musique puis on a fondé le groupe. J’étais le seul à avoir une guitare. On savait pas apprendre la musique à cette époque là. Il n’y avait pas de tutos, pas de profs, pas d’argent pour te payer des cours. Si tu demandais à des profs de musique de faire du thrash ce n’était pas possible. On vient de la banlieue parisienne, du 93, y avait pas de musique pour les jeunes, y’avait rien. A part du sport, y’avait rien. Les autres membres du groupe ont travaillé pour pouvoir se payer des instruments, on a appris sur le tard en autodidacte.

P: Comment tu peux expliquer le succès fulgurant qu’avait déjà Misanthrope dans le temps ? Quels étaient les facteurs ?

Philippe : Enormément de facteurs : La chance, être là au bon moment, les bons musiciens, la bonne musique, le label Holy records qui nous a suivi depuis le début. Je pense que le fait d’avoir toujours été sur Holy records contrairement à d’autres groupes qui ont changé plusieurs fois de label. Et nous on a grandi avec la structure qui s’occupait de nous. Souvent on me dit “ Pourquoi c’est pas tel groupe qui marchait ? “, en fait c’est structurel. Il y avait pas mal d’albums de metal extrême équivalents qui sont sortis, et la plupart de ces groupes ont disparu parce qu’ils n’étaient pas avec les bonnes personnes.

P : Du coup pour réussir dans la musique, c’est plutôt une question de chance ?

Philippe : Non le talent en premier, être acharné et avoir un peu de chance. Après j’étais en région parisienne, j’étais allé vivre à Paris dès 1988 pour mes études. J’allais voir tous les concerts au Gibus, l’espace Ornanno. Il y avait quand même un microcosme parisien, pas dans le sens péjoratif mais c’était un concentré. J’ai vu l’émergence des labels indépendants avant Holy Records. On a signé au départ avec un label parisien du nom de “Infest Records”. Dès 1991, on a fait un split, avant même de faire un premier album. Tout cela est un enchaînement. Après le succès est venu longtemps après, il est venu à la fin des années 1990. On est allé enregistrer dans un studio à l’étranger qui avait accueilli auparavant At the Gates, Dark Tranquility, In flames. Finalement on est arrivés avec un son metal à la fois extrême et international. En France cela nous a propulsé, car on était l’un des rares à être sorti de France pour enregistrer. Il y avait Loudblast , No Return , Agressor dans le même cas. Les groupes qui ont marché, ont finalement très peu enregistré en France.

P : Même maintenant tu continues à enregistrer à l’étranger ?

Philippe : Non là on a tout ce qu’il faut. Le monde a changé, on est maintenant dans la technologie pure et ca n’a rien à voir. Aujourd’hui, tout le monde peut mixer chez soi.

P: Venons maintenant sur tes influences, quelles sont elles ?

Philippe : Elles sont multiples, et viennent des 4 membres du groupe. La musique vient principalement de Jean-Jacques et Anthony sur les derniers disques. Les influences c’est ce qu’on écoute et ce qu’on veut faire, en fait.

P: Qu’est ce que vous écoutiez concrètement ?

Philippe: Vers quelle période ?

P : On va dire au début du groupe.

Philippe: Au début, on écoutait Atheism, Pestilence, Hellwitch, les deux premiers albums de Morbid Angel, Bathory, Celtic Frost, en gros toutes ces choses là.

P : On pourra potentiellement à mon époque ne plus voir sortir ce genre de groupe.

Philippe : Ah vous les jeunes, vous n’avez pas de chance. Nous on n’a pas connu Led Zeppelin Deep Purple, et Black Sabbath. Mais on a connu Obituary lors de la tournée de leur premier album au Gibus club. Il y avait seulement 300 personnes dans la salle.

P: Du coup, quelles furent les influences vers le milieu de ta carrière ?

Philippe : Dans cette France il y’a déjà des textes en français, des voix impulsives, des poèmes de Baudelaire mis en musique. Ces influences plutôt romantiques viennent de 1987. On a pris les mêmes , sauf que quand tu viellis un peu, on ne cherche plus de brutalité. On peut citer notamment Candlemass, dont les deux premiers albums avaient du chant fleuré. Ce type de chant m’a touché, mais pour la question de la musique c’est autre chose. J’ai mis 10 ans à digérer ce que je faisais déjà dans Misanthrope. Ce que je t’ai cité auparavant, c’est ce qui m’a montré la voie.

P: C’est vrai que dit comme ça, ta manière de chanter ressemble beaucoup à celle du premier chanteur de Candlemass.

Philippe : Après la musique, ça va ça vient. La musique quand tu la joues, tu n’es pas forcément influencé. A un moment donné, quand ça fait si longtemps que tu joues de la musique, tu n’es plus vraiment influencé. T’es facilement influencé quand t’as 15/16 ans. Moi j’ai 49 ans. Globalement, on est dans une autre créativité, et on essaye aussi de se démarquer des autres.

P : C’est une bonne façon de voir les choses. Maintenant, pour moi Misanthrope n’est pas seulement un groupe qui s’écoute mais qui se lit. Je pense qu’il est important d’écouter votre musique tout en lisant vos paroles. Et vu que c’est français, vous arrivez à donner à ces paroles, l’âme de la littérature française classique. Est ce que tu as fait des études de lettres par hasard ?.

Philippe : Non de l’économie et du droit. Mais la littérature est venue après, je suis un grand passionné de la littérature française 16eme-17eme-18eme-19eme siècle.J’aime la poésie, le théâtre et globalement tout ce qui est artistique. Tout m’influence et notamment dans les paroles. De Beaudelaire, à une sculpture, à une peinture de Rembrandt, j’aime tout cela. Mais l’utilisation des mots en particulier, vient de la langue française.

P : Tu connais d’autres groupes français qui s’inspirent de la littérature française ?

Philippe : Je sais pas vraiment ce que font les autres. Mais en général, c’est zéro au niveau paroles en France. Beaucoup de gens veulent juste faire la teuf et travailler la puissance de leur groupe. C’est la mentalité des autres groupes que je rencontre. En France, plus tu proposes quelque chose de travaillé et d’original, plus on déteste et crache dessus. Les metalleux ils veulent Ultra Vomit. Ils veulent Pipi contre Caca, faut pas oublier.


P : Maintenant parlons des visuels. On remarque sur chaque album une main qui apparaît sur les pochettes.

Philippe. Oui il y’a eu ça au début, plutôt sur les six premiers disques. Mais tu sais, Motorhead à l’époque ils avaient leur “War Pig”, Helloween leur citrouille. A l’époque je trouvais ça bien d’avoir cette main, la main de l’automate. Pour moi c’était une représentation de l’être humain qu’on dirige comme un automate. Il cherche pas à aller plus loin que de vivre ou de survie. Il n’est pas dans la créativité et le partage avec l’autre. Cela représente ma vision de l’humanité. Dans l’humanité, il y’a toujours une petite partie de résistants qui veulent partager et créer. Qui veulent aussi avancer et être progressistes.

P : D’accord. Aujourd’hui , Misanthrope a bien évolué et je me demandais ce que tu voulais partager en ce moment ?

Philippe: Je veux avancer. Déjà, j’ai sorti 10 albums et réalisé 2 compilations. J’ai beaucoup, beaucoup écrit et je veux continuer ce concept. Avec le groupe, on a créée un concept sur la vie d’un personnage de fiction qui serait le descendant d’Alceste, le Alceste héros de la pièce de théâtre de Molière. Ce serait un être qui aurait vécu de 1066 à 2066. C’est cela qu’on raconte, à travers ses yeux on voit notre vision de l’humanité.

P : Ce personnage que tu décris apparaît-il plutôt vers la fin de ta discographie ?

Philippe : Sur toute la discographie plutôt que ce personnage apparaît. Chaque titre est une thématique. Je crée une histoire. Et il y’a beaucoup de science-fiction dans nos chansons. C’est un être nécromancien et immortel. Tout ce concept est un concept de science fiction, globabement. C’est une science-fiction spirituelle. Ce personnage montre aussi la politique dans laquelle on vit entre autres dans les chansons “ Sulfureuses contestations” et “Armageddon à l’Elysée”. Qu’est ce que c’est la République pour lui ?

P : Du coup, vu que vous avez atteint 30 ans de carrière. Travaillez vous actuellement sur un album anniversaire ?

Philippe: Non , non , je travaille sur plusieurs autres projets surprise, mais pas d’album inédit.

P: Tes projets vont parler de quoi grossomodo ?

Philippe : On va encore mieux jouer ce qu’on sait faire déjà. Pousser encore plus loin les mélodies , les structures et la progression du metal extrême de notre style. On va aussi se développer, surprendre, pas faire deux fois le même disque. Eviter de faire couplet, intro et refrain, ce genre de trucs. Je veux qu’on fasse un album supérieur à “Alpha x omega”, le “Magistère de la négation “ , et c’est pas gagné. Mais on n’a pas encore travaillé là dessus. On fait la tournée des 30 ans, et on sortira un album physique plutôt pour les 31 ans du groupe.

Vers fin 2020 d’ailleurs, on va travailler sur un autre concept de tournée. On va essayer de proposer un nouveau show, mais je ne peux en dévoiler plus.

P: Peut être une tournée à l’étranger aussi ?

Philippe : Possiblement. Mais je préfère les faire en France, car c’est moins loin de chez moi *rires*. On adore jouer à l’étranger. Pour un groupe français, c’est la consécration de jouer à l’étranger. On a joué dans des festivals en Angleterre, Espagne, Suisse, Belgique, 2 fois au Brutal assault.

P: Le public là bas, comprend il tes paroles ?

Philippe: On chante en anglais, dans ce cas là. Pas tout, mais je chante principalement en anglais ⅔ anglais, ⅓ français.

P : Qu’est ce que tu penses de la scène actuelle de brutal death française ?

Philippe: Je n’écoute pas vraiment de death moderne. Je suis passé du brutal à quelque chose de plus mélodique.

P : Quand se dérouleront vos prochains concerts en 2020 ?

Philippe: On fera certainement 3 ou 4 autres concerts début 2020, pour clôturer la tournée.

P : Quel message pourrais tu apporter à ceux qui vont lire cette interview ?

Philippe : Il faut qu’on aille tous à l’essentiel, en l’occurence sauver la planète.Essayer de vivre ensemble, arrêter de penser à son petit nombril. Partager nos expériences et nos connaissances. Au niveau artistique, il faut découvrir le plus de choses possible comme le death, mélo, grind, musique gothique, faire progresser l’art.

P : Es tu toi même misanthrope ?

Philippe : Quand je vois la manière où on détruit tout, oui. Il y’a beaucoup d’humains qui sont trop idiots. Je suis misanthrope contre les cons, comme Coluche. La misanthropie m’aide à sortir mes démons, ca m’aide à être stable et ca condense ma colère.

 
 
 

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